FFF à L’Olympia (Paris 9)

3 avril 2024.

Je ne sais pas vous, mais je n’ai jamais tellement parlé en acronymes. S’ils inondent notre vie professionnelle, je les ai un peu oubliés au quotidien depuis que les caractères ne sont plus limités dans les textos (je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans…). Pourtant, ce soir, c’est un acronyme mythique que l’on murmure devant les portes de L’Olympia, avant de le réclamer, chanter, crier au cœur de la célèbre salle du 9e arrondissement. Bien sûr, vous savez parfaitement ce que signifie « FFF », n’est-ce pas ? Mais laissez-moi vous conter d’autres mots qui se cachent entre ces lettres…

Don’t grow up, it’s a trap

Pour ouvrir cette soirée prometteuse, le groupe Joujou dévoile son univers rock, frais et gentiment insolent. Le duo frère-sœur, tout paré de cuir noir, résilles, yeux charbonneux et tatouages, joue à faire du rock comme des sales gosses. Les enfants sont tous gentils, affirment leur premier et tout nouvel EP sorti le 5 avril : Dante et Iris Jodorowsky ont soif de prouver le contraire.  Avec des titres aussi efficaces qu’Ordure, Les sirènes ou La morale, d’autres plus tracassés comme Cristobal (tous en français !), on effleure des affinités avec Therapie TAXI, Garbage ou quelques sons pop-punk des années 2000. Mais au-delà de leur insouciance scénique et leur musique jeune et enjouée, les membres de Joujou semblent surtout beaucoup s’amuser. Et ça fait du bien à regarder.

Des chiffres et des lettres

Beaucoup ont déjà fait le compte qui ne se compte pas sur les doigts :

  • 27 ans depuis leur victoire de la musique du meilleur concert dans ce même Olympia.
  • 23 ans entre leur 4e et 5e album studio : I Scream, paru le 24 novembre dernier.

(… d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…).

Et c’est d’ailleurs avec 3 morceaux de ce nouvel album qu’FFF inaugure l’incroyable show de ce soir : tandis que l’acronyme gigantesque s’affiche sur tout un pan de mur, les musiciens débarquent sur scène, seulement éclairés par leurs lunettes néon où brillent nos lettres préférées, pour entamer All Right, suivi de Tout ce qu’on fffait et de l’excellent Magazines quasiment chanté en apnée par Marco Prince.

  • Moins d’une minute : c’est à peu près le temps qu’il faut à la salle pour chalouper follement, avant de faire carrément rebondir le plancher flottant de la salle légendaire.

Les tubes s’enchaînent (Silver Groover, On devient FFFou, Le Pire et le Meilleur, Morphée, AC2N…), comme les tenues improbables et fantasques du groupe (les cagoules complètement WTF de Niktus – acronyme, quand tu nous tiens), qui semble s’éclater à jouer autant que nous à l’accompagner.

  • Une dizaine : c’est à peu près le nombre de fois où Marco lance à la cantonade « Vous êtes toujours vivants ? », comme un rappel de leur album Live enregistré aux Eurockéennes en 1997.

OUI, on est vivants. Et eux sont carrément vivifiants ! Aussi charismatiques qu’énergiques, Marco Prince, Nicolas Baby, Yarol Poupaud et Krichou Monthieux livrent un grand spectacle intense, infatigable et dansant de plus de deux heures dans une salle pleine à craquer. Ce sont, à n’en pas douter, des bêtes de scène. Alors, prenez-en de la graine, vous « les moins de 20 ans » !

Enfin, le final qu’on attendait tous – Nico en premier : ce n’est pas « Montmartre en ce temps-là », mais géographiquement pas très loin : Barbès ouvre les rappels, la fosse chante, crie et saute ; une boule à facettes surgit. Love train : il n’en faut pas plus pour que chanteur et guitariste prennent un jouissif bain de foule.
Alors FFF, vous l’avez ? Folie Furieuse Fantastique ? Formidable Fièvre Funk ?…
En fait derrière cet acronyme, mettez tout ce que vous voulez. Tant que vous dansez !

Texte : Hélène CHAULIEU /// Croquis : Nicolas BARBERON & Olivier MARTIN

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